LES BOITES AUX LETTRES
D’hier et d’aujourd’hui
Fête du Timbre 2021
Le Bouscat
Nous souhaitons remercier M. Bruno MAUGIN fondateur du Musée des Outils des métiers du bois, 32 rue Alexis Labro 33130 Bègles, qui a reproduit d’après photos et dimensions le coffre en bois de la première boîte aux lettres type Thiéry.
Nous souhaitons remercier M. Jean-Charles BENHAMOU du Musée Privée Itinérant de la boîte aux lettres, du facteur et du courrier de Senlis, pour ses précieux conseils lors de la restauration des boîtes aux lettres exposées.
Enfin ce livret n’ayant qu’un but de présentation d’une collection lors de l‘événement de la Fête du Timbre 2021 au Bouscat, l’ensemble des textes sont repris de l’ouvrage de M. MARTEAU et PERRIN « Les types de boîte aux lettres et indicateurs de levées du 1er avril 1830 à nos jours » ; nous souhaitons leur apporter notre admiration pour cet ouvrage remarquable d’une page de l’histoire de notre pays.
Table des matières |
REMERCIEMENTS. 3
LES SERVICEPOSTAL AU 19éme SIECLE. 6
LES BOITES AUX LETTRES. 6
COFFRE EN BOIS DES BOITES RURALES Modèle Standard 1830-1900. 7
BOITE EN BOIS FOUCHER PORTE A6 EN TOLE, 1890. 8
BOITE MOBILE DE GARE FOUCHER, 1886. 9
BOITE EN FONTE DELACHANAL dite Mougeotte, 1900. 11
BOITE EN TOLE DELACHANAL, Petit Modèle Type 3, 1911. 14
BOITE EN TOLE PICARD, Petit Modèle Poste Automobile Rurale, 1931. 15
BOITE MOBILE FOULON, 1930. 16
BOITE EN TOLE FOULON, Grand Modèle, 1930-1931. 17
BOITE EN FONTE DEJOIE Modèle N°4, 1961. 18
BIBLIOGRAPHIE. 19
Avant avril 1830, 35 580 communes de France, dont 1300 chefs-lieux de canton, étaient dépourvues de tout service postal.
Grâce à la loi du 3 juin 1829, Charles X chargea la Direction Générale des Postes de fournir, au frais du Trésor Royal, dès le 1er avril 1830, à chaque commune, une boîte aux lettres, levée un jour sur deux, par un facteur assurant la distribution du courrier un jour sur deux, dans chaque commune (le service journalier sera peu à peu installé dès 1832), 5000 facteurs ruraux furent ainsi embauchés des 1830, et dotés d’un uniforme en 1835. Ces agents, vite aimés de la population, donnèrent un lieu à de naïfs récit destinés aux élèves des écoles. Ils furent exemptés du droit de péage pour tous les passages d’eau.
Cette décision fu véritablement le départ de l’essor du Service Postal, tel que nous le connaissons, et la fin de l’isolement rural. La France devint le premier pays à avoir institué un tel service Postal Rural
La boîte aux lettres de 1830 fut une véritable invention améliorée au cours des ans. Le coffre fut d’abord du même modèle en bois, encastré en principe dans un mur situé de préférence au Nord (pour éviter les intempéries et les différences de température), à proximité d’un lieu public (écoles, mairie, église), seules les boîtes urbaines, plus grandes et plus lourdes, furent scellés sur les murs d’où la raison de leur rareté maintenant.
Seule la porte de ces boîtes évolua afin de faciliter le travail du facteur, mais aussi l’information des usagers sur l’heure de passage du facteur.
Jusqu’en 1900 nous trouvons sept modèles de portes d’abord en bois puis rapidement en tôle munies d’indicateurs de levées de plus en plus précis.
Statistiques des portes d’entrées créées à partir de 1868 : en 1868, les indicateurs prévoyaient neuf levées par jours. EN 1874, 4 129 boîtes urbaines avaient entre une et sept levées quotidiennes, alors que 2944 boîtes rurales étaient relevées d’une à six fois par jour.
A la même date, il existait 18 640 tournées rurales de 8 à 46 kilomètres par jour, et 238 tournées de facteur-boitier de 4 à 32km.
5 196 communes possédaient un bureau de poste bénéficiant d’une à six distributions et 30 823 communes bénéficiaient d’une à quatre distributions.
Les constructeurs des portes en tôle (la maison THIERY, puis Foucher) adressaient annuellement à chaque préfet une lettre et un tableau des boîtes possédant un indicateur mécanique de levées afin d’inciter les maires à acheter de telles portes (même avance un crédit de deux ans).
Boîtes créées par la loi du 3 juin 1829. Chaque commune fut, à partir du 1er avril 1830, dotée d’une boîte relevée par un facteur rural.
Il n’y eu qu’un seul modèle de boîte, pour ce qui est du coffre, seule la porte a évolué jusqu’en 1900. Cette boîte est constituée par un coffre en bois de chêne de 25mm d’épaisseur, ayant la forme d’un tronc de prisme à base rectangulaire. Les diverses parties sont assemblées à queue d’aronde, et il a comme mensurations :
Hauteur extérieure 48cm hauteur utile 30cm
Largeur extérieure 26cm largeur utile 21cm
Profondeur extérieure 19cm profondeur 14cm
Poids 9.5kg volume utile 8,82dm²
Photo Bruno FAURE, Coffre bois type Thiéry-Foucher modèle petite porte |
Ce nouveau modèle a été annoncé par le Bulletin Mensuel des Postes d’avril 1894 avec 4ans de retard et malgré le manque d’information à ‘époque, c’est le modèle le plus rencontré actuellement.
Il s’agit d’une importante modification, puisque les écrous à ailettes, e peigne fixe et les cadrans sécants disparaissent.
Les disques indépendants, sont maintenus en place par un contrepoids en laiton embouti et lesté de plomb (Brevet Foucher, successeur de Mme Thièry). Le petit cadran, rarement manipulé, a conservé son écrou et le repère.
Le contrepoids et son bec indiquent l’inscription extérieure correspondante. Cette disposition a conduit le fabricant à rendre le peigne mobile, afin de permettre la manœuvre du contrepoids supérieur ; cette mobilité du peigne a, en outre, l’avantage de rendre plus difficiles, les extractions frauduleuses par la « gueule » de la boîte, car le peigne se relève si on tente d’enlever des lettres au moyen d’une ficelle ou d’une lanière enduite de glu.
Une nouvelle serrure est inventée afin de rendre les cadrans éloignés les uns des autres.
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En 1886, a fourniture des boîtes mobiles fut attribué à Foucher, adjudicataire des boîtes en bois. L’Administration en profita pour apporter quelques modifications. Les indications réglementaires sont en relief sur des plaques de cuivre en caractères de cuivre, fondus et rivés. L’ouverture (13cm X 1.5cm), est protégée par le rabat, est prolongée par un couloir de 6cm, dont l’extrémité en crantée pour servir de peigne.
La boîte identique à la précédente, comporte un double fond, l’un plat, l’autre ondulé, tous deux percés de trous pour que la pluie s’écoule.
La boîte est fixée au mur par une serrure dans laquelle s’engage une patte scellée au mur et terminée en fer de lance. Il suffit de pousser la boîte contre la languette du fer qui pénètre alors dans la serrure, après avoir engagée les pattes inférieures dans le logement de la boîte. On doit recommander d’avoir soin de placer tout d’abord une plaque de chêne mince contre le mur de façon à éviter une usure rapide de la boîte.
Les portes des boîtes se ferment au moyen d’une serrure dont le pêne, mobile autour d’un axe, peut prendre deux positions : l’une horizontale ou de fermeture, l’autre verticale ou d’ouverture. EN vue d’éviter que les agents ne soient exposés à laisser les portes ouvertes, le pêne est disposé de telle sorte que, dans la position verticale, son talon vienne boucher l’ouverture qui, extérieurement, donne entrée et sortie à la clef. Il en résulte que, si après avoir introduit une clef dans une serrure fermée (pêne horizontal), on tourne cette clef pour ouvrir (pêne vertical), il ne sera possible de retirer la clef qu’à la condition de ramener le pêne dans sa première position. Si le pêne vient à se trouver accidentellement vertical, sans la clef, il sera impossible de faire entrer la clef. Il faudrait, en introduisant l’extrémité d’une petite lame (couteau ou tournevis), entre la boîte de serrure et le haut du pêne, essayer de faire basculer celui-ci pour le ramener à sa position horizontale. Cette manœuvre suffit pour remettre les choses en l’état, sans qu’il soit besoin de démonter la serrure.
En novembre 1900, l’Administration décida d’utiliser des boîtes en fonte du modèle prévu pour les particuliers, crées en juillet 1899. Les boîtes en bois ne seront plus fournies.
La nouvelle boîte est en fonte, d’une seule pièce, agrémentée de moulures. Le fond vertical est constitué d’une plaque de tôle, la partie inférieure légèrement concave est formée d’une tôle ondulée. Une grille de tôle perforée est placée en bas derrière la porte afin d’éviter la chute du courrier lors de l’ouverture, la tôle ondulée permettant une meilleure préhension du courrier et sa protection contre l’humidité. Le dessus porte un écusson doré avec les initiales RF. La boîte est peinte en vert bronze. L’ouverture est fermée par un rabat mobile s’ouvrant sur l’extérieur. Un peigne mobile existe à l’intérieur, entre l’ouverture et la porte. Les indications de la porte sont en caractères majuscules en relief et en étain (souvent peint en blanc). Elles sont données par des cadrans intérieurs.
On peut lire sur la porte les indications suivantes : LA***LEVÉE DE***EST FAITE, ainsi que le nombre de levées quotidiennes (voir porte 1894). Le mot POSTES est moulé en relief dans la fonte, sous le rabat.
A gauche ou à droite se trouve en cadre en fonte vitré, fixé par deux écrous à ailettes, pour recevoir un carton indicateur des heures des levées des sept jours de la semaine.
Un peigne à dents mobile, est fixé sous l’ouverture.
La serrure de 1890 de Foucher a été conserve.
La lettre-timbre es vissée sur un petit bloc de bois fixée sur le fond en tôle, face à la serrure à gauche. Il est biseauté en haut pour éviter que les objets ne soient retenus. Cet emplacement s’est avéré, à l’usage, d’un accès difficile, pour la prise d’empreintes, et la lettre-timbre a été, à nouveau, fixée sur la grille du devant, grâce à un tasseau de bois.
Les cadrans mobiles et les contrepoids sont identiques à ceux de 1890, sauf que ces derniers portent le nom de Delachanal au lieu de Foucher. On peut noter que des contre-poids « Foucher », ont été retrouvés sur des « Mougeottes ».
À l’origine, les barres de fixation F fondues dans le moule, ont un écartement de 21cm. La lettre -timbre est alors fixée sur la paroi du fond, soit à gauche, soit au milieu. Lors de la suppression de cet emplacement, le moule a été modifié avec écartement E de 27cm. La lettre timbre a, alors, été fixée sur la grille avant. Le moule de 1918 a maintenu cet écartement.
Les Boîtes en fontes Delachanal pour particulier dit « Concédé ».
Par un décret en date du 31 juillet 1899, Monsieur MOUGEOT, alors Sous-Secrétaire d’Etat aux Postes, créa un type de boîte originale à laquelle le public donna le nom de « Mougeotte ». Ces boites étaient concédées à des sociétés ou des particuliers moyennant une redevance annuelle variable suivant l’importance des communes. Leur relevage était assuré dans les même conditions que celui des boîtes supplémentaires installées dans la même commune.
Construites en fonte, de couleur vert bronze, coiffées d’un toit pyramidal orné d’écailles et surmonté d’un motif en forme de gland, leur décoration présentait un certain nombre d’éléments dérivés de l’Art Classique : volutes, palmettes, feuilles d’acanthe, cartouches.
Elles portaient un écusson doré et les initiales R.F. et servirent de modèle aux boîtes normales dès 1900.
De toute façon, l’Administration n’imposait aucun modèle, mais exigeait l’utilisation de la serrure Delachanal. Quel qu’il fût, le public se montra satisfait de cette nouveauté, le journal « Le Gaulois » écrivait : « La Mougeotte, c’est la course évitée au bureau de Poste ou aux boîtes de la rue, c’est la Poste chez soi, c’est le progrès ». En 1986, ce relevage à domicile existe toujours, mais sans utilisation de boîte.
Les boîtes pour particuliers sont plus simples : le rab, la porte at lesté s’ouvre à l’intérieur, la porte n’a que l’indication du numéro de la levée faite, ainsi que le mot LETTRES en cursives.
La lettre-timbre existe et est utilisée dans les mêmes conditions que les boîtes officielles.
BOITE EN TOLE DELACHANAL, Petit Modèle Type 3, 1911
Suite à la circulaire de mai 1911, l’Administration fait étudier par Delachanal la fabrication d’une boîte en tôle Petit Modèle comme boîte supplémentaire suburbaine et rurale d’un prix plus abordable.
A ce moment, le fabricant avait à sa disposition le matériel déjà en service :
· La boîte mobile de gare Petit Modèle type C14
· La porte en tôle de la boîte en fonte pour particuliers Petit Modèle BF04
· Les cadrans des boîtes en fonte : pour les jours D98mm et pour les levées D68mm.
Delachanal, pris de court, se servit de tous ces éléments pour concevoir la nouvelle boîte ; malgré tout il doit modifier quelques éléments :
· Le rabat en bronze ne convenait pas, il le remplaça par un rabat en tôle recouvert d’une plaque de bronze avec le mot POSTES
· Le cadran des jours trop grand pour la porte, fut remplacé par un cadran du même diamètre que celui des levées D68mm
Sur toutes les boîtes Delachanal nous retrouverons le peigne et la serrure de 1890 et en plus un emplacement emboutit sur le côté pour l’horaire des levées.
Ce modèle révéla rapidement un défaut qui provoqua la fabrication du modèle Type 2 : le nom des jours était trop petit et illisible. Seul le modèle comportant le cadran des levées resta en service jusqu’à 1990. Le cadran jours fut retiré du service vers 1913.
Suppression de la plaque BOITE AUX LETTRES, Le cadran des jours est complété par la préposition DE, devant le jour (face extérieure).
Le Bulletin Officiel n° 17 de juin 1931 créa un modèle de boîte en tôle Petit Modèle spécialement réservé aux correspondants postaux de la Poste Automobile Rurale créées en 1926.
Cette boîte, du modèle standard, est dotée d’une porte spéciale indiquant le numéro de la levée, le nom du jour ainsi que le nombre de levées par jour, le premier élément est fourni par un tube émaillé pouvant tourner autour d’un axe à relevage, les deux autres par des cadrans émaillés. E 1936, le cadran des jours pourra être remplacé par un disque en cuivre.
Les inscriptions extérieures sont en lettres majuscules en relief sur une plaquette rivée.
En 1930, Foulon obtient le marché des boîtes, il conserve les deux boîtes Delachanal, mais il y adapte deux serrures nouvelles.
Accrochage : une serrure plus rustique et que l’on retrouve maintenant sur es boîtes d’avant 1930.
Porte : La serrure rectangulaire Foulon équipe les nouvelles boîtes.
Le petit modèle est fabriqué par la société Picard-Sauerbach, à Paris, pour le compte de la société Foulon.
En 1930, l’ensemble des gares et véhicules postaux était déjà équipé de boîtes mobiles, les boîtes Foulon sont rares, seules les serrures servirent à remettre en état les boîtes antérieures.
La maison Foulon met en service, dés 1930, sa propre boîte en tôle Grand Modèle, la seule particularité est le fronton carré avec les lettres R.F entrelacées que nous retrouverons, en 1950 sur les boîtes Dejoie.
La porte est en fonte avec les cadrans caractéristiques pour donner l’horaire précis de la levée : les ressorts sont plus fragiles que les contrepoids Foucher Delachanal de 1890 à 1900.
Le système Foulon en bonne état de marche est extrêmement rare.
Cette boîte a également été doté, en 1936, des cadrans inventés par Foulon
Photos Bruno FAURE, Boîte en tôle Foulon Grand Modèle de 1930 avec dateurs brevetés |
Après la guerre de 1939-1945, le matériel postal s’est retrouvé en mauvais état et la pénurie des matières premières ne permets pas de fabriquer ou de réparer ce matériel mal entretenu ou sinistré (BO 20 de 1946). L’Administration abandonna le principe des cadrans. Ce n’est qu’en 1950 que la maison Dejoie de Nantes obtient la première adjudication (renouvelé tous les cinq ans) pour la fabrication de nouvelles boîtes d’un style moderne avec des matériaux légers et plus résistants. Par la suite, le coffre resta le même, seules les inscriptions moulées sur le fronton et sur la porte changèrent (l’année de fabrication est moulée sur le côté de chaque boîte). La serrure utilisée est la serrure de 1930 légèrement modifiée avec la même clé Foulon. Il faut attendre 1980 pour voir apparaitre une serrure Dejoie identique à la précédente. Un petit rabat protégé le contenu.
Fabriquée en fonte d’aluminium passivée traité par phosphatation avant peinture.
Charbon, P. Marchand, P. Rabier, P. Oger, B. (1996). Le Patrimoine de la Poste. Collection Le Patrimoine des Institutions Économiques. Editions FLOHIC. ISBN : 978-2-84234-008-6.
Marteau, C. Perrin, R. (1986). Les types de boîtes aux lettres et indicateurs de levées du 1er avril 1830 à nos jours. Editions tirage particulier.
http://museeboiteauxlettres.fr